Le numéro de Synergies Portugal 4, en hommage à mon cher ami et professeur Robert Galisson, que j'ai coordonné avec Jacques Cortès, en format papier vient de paraitre.
Pour ceux qui n'auront pas le plaisir de le prendre dans les mains, le numéro est accessible sur le site.
https://gerflint.fr/Base/Portugal4/numero_complet.pdf
Pour ceux qui n'auront pas le plaisir de le prendre dans les mains, le numéro est accessible sur le site.
https://gerflint.fr/Base/Portugal4/numero_complet.pdf
J'aurais peut-être préféré le titre «Réhabiliter la Didactique des Langues-Cultures comme discipline universitaire à part entière.
Un extrait de mon article intitulé « Robert Galisson . Histoire et prospective » permet de justifier ce titre et de comprendre l' émergence de la Didactique des Langues au Portugal.
«Avant de proposer une lecture de ces deux ouvrages, de mettre, ainsi, en
évidence les dimensions historique et prospective dans la pensée de Robert Galisson
(désormais RG), je m’engage, moi aussi, dans une voie « historiciste » pour expliciter
le contexte de l’émergence de la Didactique des Langues au Portugal et le
rôle du didactologue visé par cet hommage. Un détour par la contextualisation,
mot qui lui est cher, s’avère indispensable, puisque ce concept est constitutif de la
Didactologie des Langues-Cultures.
La « Didactique des Langues » au Portugal est née, en 1977, dans le sillage de RG.
Elle célèbrera son 40e anniversaire en 2017. La « didactique des langues vivantes »
s’est constituée, en effet, à l’issue d’un séminaire organisé par le Ministère de
l’Éducation portugais, annoncé sous ce titre, dans le cadre de la formation professionnelle
d’enseignants de français et de portugais. Dans les années 70, l’université
formait des étudiants en philologie romane et, dans le cas des professeurs de
français, la formation professionnelle était assurée par le Ministère de l’Éducation,
en collaboration avec l’Ambassade de France. En 1977, Robert Galisson et
Evelyne Bérard encadrèrent ce premier stage de formation de formateurs intitulé
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Robert Galisson : histoire et prospective
D’hier à aujourd’hui la Didactique du FLE. À cette occasion, RG présentait, en
avant-première, l’ouvrage qui allait voir le jour quelques années plus tard – D’hier à
aujourd’hui, la didactique générale des langues étrangères (Galisson, 1980) – tandis
qu’Evelyne Bérard divulguait la méthode C’est le Printemps (1976). Ce séminaire
allait mettre en cause l’appareil méthodologique audio-visuel du français langue
étrangère, en ébranlant la formation des enseignants au Portugal, un petit monde
à l’époque, puisque tous les décideurs, concepteurs de programmes du Ministère de
l’Éducation, formateurs des enseignants, auteurs de manuels scolaires, conseillers
pédagogiques de l’Ambassade de France… assistaient au séminaire.
Robert, Nicole et leur chien Patapouf, personnages du manuel « audiovisuel »
Je Commence, « livre unique » officiel pour les débutants publié en 1971, furent
les premières victimes, incapables de résister aux modèles de personnages peu
conventionnels de C’est le Printemps (1976). En ce qui concerne la formation des
enseignants, la bibliographie proposée par José Afonso Baptista, l’un des principaux
responsables de la formation de l’époque, en 1977, et adoptée dans tous les centres
de stage, ainsi que la liste des sujets obligatoires pour les séminaires organisée par
le Ministère de l’Éducation, en novembre de la même année, montrent les implications
de la présentation en avant-première de l’ouvrage de RG D’hier à aujourd’hui
la didactique des langues étrangères (1980) au Portugal. Cette bibliographie
comprenait le Dictionnaire de Didactique des Langues (1976), Un Niveau-Seuil
(1976) et des articles publiés dans plusieurs numéros des revues Le Français dans
le Monde et Études de linguistique appliquée. Des sujets tels que « les nouvelles
tendances dans l’enseignement des langues », « les approches communicatives »,
« les documents authentiques en classe » remplaçaient les sujets, considérés
comme dépassés, tels que « les moments de la classe de langue » ou « les exercices
structuraux » des documents officiels précédents. De nouveaux programmes et des
manuels comme Labo des mots (1979), Ça y est (1980), Casse-noisettes (en collaboration
avec le CREDIF en 1982), entre autres, virent le jour à la suite de cette phase
de transformation et d’innovation sans précédents.
Ce n’est que dix ans plus tard, en 1985-1986, que la formation professionnelle fut
intégrée dans les institutions d’enseignement supérieur, au Portugal, tandis qu’un
modèle « intégré » de formation initiale d’enseignants faisait ses premiers pas. La
formation professionnelle fut alors libérée de la tutelle du Ministère de l’Éducation
et les institutions d’enseignement supérieur durent recruter, pour la première
fois, des didacticiens, la plupart ayant suivi le parcours de formation précédent.
L’intégration de la didactique à l’intérieur de la formation initiale de professeurs
eut lieu au même moment. Galisson fut par la suite une présence constante dans
les séminaires et congrès en Didactique des Langues à Aveiro, Braga, Coimbra,
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Synergies Portugal n° 4 - 2016 p. 25-42
Lisbonne, Santarém, Vila Real ainsi que dans des jurys de thèses, jusqu’aux années
2000. Il fut également le directeur de recherche de nombreux étudiants portugais,
avant et après l’intégration de cette discipline à l’université portugaise.
Pour comprendre le rôle de RG dans la constitution de la Didactique des
Langues au Portugal, la voix de la première didacticienne portugaise (de l’anglais
et des langues), Isabel Alarcão, constitue la meilleure référence. Dans son article
considéré comme fondateur de la Didactique des Langues au Portugal, en tant
que discipline universitaire, l’auteur soulignait la transversalité de la Didactique»
(Alarcão, 1991) en relation avec d’autres aires disciplinaires. À partir de l’article de
RG de 1986, intitulé Éloge de la didactologie/didactique des langues et des cultures
(maternelles et étrangères) - D/DLC, Isabel Alarcão résume le rôle de RG dans la
constitution de la Didactique des Langues au Portugal, en reconnaissant qu’« avec
Galisson nous avons appris à penser la DL comme une aire de constructions de
savoirs scientifiques et d’intervention professionnelle spécifique, en autonomisation
en relation à la linguistique, même en relation à la linguistique appliquée
(…) » (Alarcão, 2010 : 67). Et à l’auteur d’ajouter : Galisson « définissait la relation
de la DL avec les autres disciplines comme une relation “d’appoint” et non de
“référence” » (ibidem). Alarcão ajoutait encore un autre élément caractéristique
de la DL distingué par Galisson : la « démarche didactologique, heuristique, centrée
sur l’action professionnelle dans le sens d’identifier et de proposer des solutions
pour l’enseignement et l’apprentissage des langues en opposition à une démarche
platonique, déductive, applicationniste hiérarchisée1 » (ibidem).
La didactique des Langues-Cultures au Portugal est donc née informellement dans
les années 70 et institutionnellement dans les années 80, sous l’influence de Robert
Galisson (Ferrão Tavares, 1994, 2002). C’est sous cette influence que mon propre
parcours de didacticienne s’est construit, traversant les phases de « praticienne Et
chercheur » en Didactologie des Langues-Cultures. Le séminaire intitulé D’hier à
aujourd’hui la Didactique du FLE m’a ouvert une porte, en 1977, qui n’allait plus se
fermer, comme j’essaierai de le démontrer, en présentant cet ouvrage choisi pour
cet article en le lisant à la lumière d’« aujourd’hui ».
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