quinta-feira, 10 de dezembro de 2020

Communication, multimodalité, empathie... et le masque...

https://youtu.be/sRl1jYoxoucoi

Comme je n'ai pas eu le temps de tisser tous les fils de la conclusion de mon texte pendant le Congrès, je  publiecette partie de ma conclusion.

 
      Implications des études interdisciplinaires sur la communication interpersonnelle multimodale  pour l’analyse de la classe aujourd’hui

 

J’ai  regroupé les dimensions dégagées  en 3 axes :

 ·         Le temps, l’espace, le corps… la multimodalité et l’empathie

·         La convergence/la divergence  numérique et didactique

·         L’invitation au voyage

 Temps et espace…

 Sur  le temps

 Il était prévisible que le numérique entrainerait la contraction du temps. Or la durée de la classe est toujours la même. Et on propose que les enseignants se laissent enregistrer pour que les élèves regardent la totalité de la classe. Les classes zoom sont souvent interminables. Il n’y a pas de contraction du temps didactique quand on passe au supports numériques ou technologiques qui devraient impliquer cette contraction..

 Sur la proxémique et le corps… la multimodalité et l’empathie

 L’espace  est devenu fixe, l’enseignant se déplace le moins possible dans l’espace fonctionnel et symbolique du tableau/ TBI/ écran. Les élèves à tour de rôle y vont dans la mesure du possible. Distance sociale est de loi. La disposition traditionnelle a été adoptée.  Et les enseignants peuvent avoir  simultanément des élèves dans l’espace de la classe et des élèves hors classe, chez- eux. Paradoxalement,  l’espace s’ouvre, ce qui ne signifie pas qu’il devienne mobile. Les élèves à la maison sont assis  collés aux écrans (on le souhaite).

Cette disposition reprend le modèle panoptique des églises (traditionnelles), des tribunaux. Elle renforce symboliquement le pouvoir de l’enseignant mais elle est parfaite pour faire des exposés ou pour présenter un power point que ce soit par l’enseignant ou par les élèves

 Ce n’est pas par hasard que quelques  TBI ont été placés sur des estrades.

Mais en revanche, pour que l’interaction verbal soit possible, le regard est essentiel, il intègre l’énoncé même. Le corps, les gestes, l’ expression du visage sans masque est essentiel. Attention  je ne suis pas contre les masques. D’abord la santé.

Le masque est encore un plus grand obstacle quand il s’agit d’apprendre à parler une langue maternelle et étrangère. C’est avec notre bouche que nous parlons, que nous articulons et nous savons bien comment les langues s’apprennent par mimétisme en regardant la bouche des gens qui parlent une langue étrangère. 

Comme j’ai essayé de montrer le corps est par ailleurs essentiel pour la relation et l’empathie. Si le corps est caché.. Pour compenser le masque, nous sommes obligés de faire plus de gestes ou de verbaliser par exemple l’affectivité, la relation.   C’est à travers le langage verbal que la relation doit être véhiculée. Et ceci est une suggestion ou un  conseil que je donne aux enseignants. Renforcez les marques  verbales d’affectivité, utilisez des formes de mitigation  des évaluations négativ, d’empathie. N’oubliez pas que votre corps est partiellement caché…

 

Dans mon introduction je posais une question : Est-ce qu’il y a  toujours convergence entre les approches didactiques et le numérique ?

Puisque maintenant avec la pandémie qu’on le veuille ou non le modèle expositif  médiatisé par les plateformes  (ou même en classe masquée ) est  le plus adopté comme ces colloques semblent le démontrer j’insisterai pour terminer sur quelques suggestions. Je crois que avec  la pandémie tous les enseignants ont eu besoin d’apprendre à utiliser les technologies, les plateformes, power point, les manuels et matériaux  numériques, mais je crois que la réflexion didactique n’a pas toujours  accompagné ces progrès.

Il est vrai que les enseignants se sont débrouillés un peu partout avec le numérique-  en renforçant souvent les inégalités je n’en parle pas-   mais l’offre numérique n’est pas toujours la plus adéquate et les fiches en format papier ou numérique et les manuels même ont redécouvert souvent  les images référentielles des méthodes directes de la fin du 19 siècle, et des  exercices de reliment  des (objets) dessins aux mots et des  méthodes audiovisuelles  avec des  exercices structuraux, des  exercices à trous, des mots clés souvent dans des formats de jeux interactifs qui ne sont pas plus communicatifs que leurs ancêtres en papier.

Un exemple … quelques remarques sur power point…

Voyons encore une autre difficulté dont l’enseignant doit se rendre compte quand  il fait  une présentation par exemple ici. Les phénomènes de convergence  interactive sont   modifiés par des contraintes technologiques. Le fait que mes mains manipulent le clavier, par exemple,  empêchent mes gestes illustratifs, conceptuels ou metaphoriques ce qui trouble ma pensée et de suite sa mise en mots. Parce que les gestes précèdent l’énoncé verbal et réfléchissent le processus cognitif, comme je l’avais souligné. Par ailleurs,   c’est ce type de gestes qui mènent ceux qui m’écoutent à anticiper le mot que je vais dire mentalement ou même en me devançant. Par ailleurs les affectifs, les synchronisateurs… Dès lors tout le processus multimodal est affecté. . Maintenant j’emploie des gestes, sans me rendre compte beaucoup plus illustratifs, pour expliquer.  Et j’essaie malgré les difficultés techniques de regarder sur l’écran vous attitudes d’écoute.  Par exemple, les têtes penchées des hochements de tête… Nos gestes malgré le dispositif technique si tout se passe bien doivent être en convergence posturale ce qui traduit  comme développé avant la convergence neuronale, les  neurones miroirs qui expliquent eux aussi l’empathie.

Si l’on se centre  sur dispositif communicatif, je dois vous dre que j’ai hésité sur la présentation de power point. Il allait vous empêcher de me regarder dans les yeux, de voir mes gestes ... C’est évidemment une question que l’enseignant doit se poser d’autant plus que ces présentations entrainent la fatigue.

La multimodalité est ainsi un processus complexe développé par tous les intervenants. Les gestes sont coupés par la manipulation d’objets  et ceci entraine des difficultés au niveau de la pensée et de sa mémorisation.   Le masque entre évidemment ici.».

Je dirais même que,  tout d’un coup,  l’école traditionnelle est revenue au galop, avec le renforcement souvent fait par les technologies, avec power point, tableaux  blancs interactifs  sur estrade et software qui propose des exercices de naguère. Paradoxalement, les technologies les plus récentes semblent avoir brisé la  convergence dont je parlais au début  en  risquant de provoquer des effets de recul au niveau didactique et de la communication en classe. 

L’importance de garder la convergence entre le numérique et le didactique , de respecter la cohérence didactique quand on se set du numérique, d’éviter nes anacronismes didactiques.. L’action sociale et les activités de l’approche actionnelle rendues possibles par les dispositifs numériques  se sont des voies qui ne sont pas masquées.

Et je pose même la question…

… quelle est l’une des fonctions des technologies pour ceux qui restent confinés dans leur maison ?   Les technologies  nous permettent de quitter nos salles, de voyager, de visiter des musées et de partager nos découvertes.

Elles peuvent également permettre à l’enseignant  et aux élèves de  quitter la classe pour visiter des musées, des expositions, pour rencontrer d’autres personnes, pour partager leur  travail, pour agir.   Avec ces dispositifs technologiques la classe de langue peut effectivement trouver d’autres espaces et d’autres temps pour éveiller la volonté de mieux apprendre.

L’  INVITATION AU VOYAGE

Pour clore ce parcours informel de quelques études en NBIC avec une perspective didactique, je voudrais  revenir sur le début de ma présentation sur le format narratif…  et vous montrer   avec  Uri Hasson  que l’on voit le format narratif dans le cerveau.

Vous pouvez suivre ma présentation dans mon blogue Universidadede pasargada. blogspot.pt  Vous trouverez le texte, la bibliographie, les liens qui vont vous permettre
de partager de prolonger le temps, de découvrir un autre espace d’apprentissage, de voyager avec moi.


terça-feira, 24 de novembro de 2020

Bibliographie sur la multimodalité dans la communication pédagogique

 

Bibliographie en élaboration

Baillat. G. et al  (2010). La formation des enseignants en Europe. De Boeck Supérieur. Acedido em 10 de fevereiro de 2018

Barrière-Boizumault. M. (2013) Les communications non verbales des enseignants d’Education Physique et Sportive : Formes et fonctions des CNV, croyances et réalisation effective des enseignants, ressenti des effets par les élèves

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01127647/document

 

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Cadet, L., Tellier, (M. 2007). Le geste pédagogique dans la formation des enseignants de LE. Les Cahiers de Théodile, nº 7, pp. 67-80. Acedido em 10 de junho de 2016 , em https://halshs.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/378851/filename/3538.pdf

Calbris, G., Porcher, L. 1989. Geste et communication. Paris : Crédif/Hatier. Col. LAL. Calbris, G. 2003. L’expression gestuelle de la pensée d’un homme politique.Paris : CNRS Éditions. Chanay, H. 2005. « Compte rendu critique de lecture de l’ouvrage. L’expression gestuelle de la pensée d’un homme politique. De Geneviève Calbris. Marges linguistiques, 9.

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Cosnier, J. (2008). La communication, état des savoirs. Editions Sciences Humaines. Acedido em 6 de julho de 2016, em http://icar.univ-lyon2.fr/membres/jcosnier/articles/VI-8_EmpathieinEtats%20Savoirs2008.pdf

Damásio (2020). Sentir e saber. Temas e debates.

Dehaene, S. Les quatre piliers de l'apprentissage.

 http://parisinnovationreview.com/article/les-quatre-piliers-de-lapprentissage-stanislas-dehaene

Desmurger, P.  (2019)La Fabrique Du Cretin Digital - Les Dangers Des Ecrans Pour Nos Enfants.  Paris : Le Seuil.

Ferrão Tavares, C. 1984. Les comportements non verbaux des enseignants en classe de français langue étrangère. Thèse de 3e Cycle. Université de Paris 3.

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Ferrão Tavares,C. (2013). D’hier à aujourd’hui (et demain ?) : un parcours de recherche en didactologie des langues-cultures sur la communication. Synergies Portugal, nº 1, pp. 91-117.  Acedido em em 7 de março de 2017, em http://gerflint.fr/Base/Portugal1/Article5Tavares.pdf

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Ferrão Tavares, C, Álvares Pereira, L. (coord.) (2012). Literacias académicas multimodais. Intercompreensão, Revista de Didática das Línguas. Santarém : UIIPS, ed. Cosmos.

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Galisson, R.1980. D’hier à aujourd’hui la didactique générale des langues étrangères : Du structuralisme au fonctionnalisme. Paris : CLE International.

Galisson, R. 1983. La suggestion dans l’enseignement. Paris : CLE International.

Galisson R., Puren C. 1999. La formation en question. Paris : CLE international. 

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Multimodal Teaching and LearningThe Rhetorics of the Science Classroom

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https://www.erudit.org/fr/revues/memoires/2012-v3-n2-memoires0117/1009351ar/

 

Manès-Bonniseau, C. (2020)  Enseigner et apprendre les langues vivantes en période de confinement

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Mondada, L., Markaki, V (2006) (eds). Interacting Bodies. 2nd Conference of the International Society for Gesture Studies (ISGS). Acedido em 10 de setembro de 2016, em http://gesture.lyon2005.ens-lyon.fr/article.php3?id_article=259

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Tuck School of Business Working Paper No. 2881692 Acedido em 10 de fevereiro de 2018

 

https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2881692

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Puozzo Capron, I., Picardo, E. 2013. « Au commencement était l’émotion ». LIDIL nº 48. Emotion et apprentissage des langues, p. 5-16. https://lidil.revues.org/3308 [consulté le 15 octobre 2016].

Regev, M., Honey, U., Hasson, U. (2013). Modality-selective and modality-invariant neural responses to spoken and written narratives. Journal of Neuroscience. Journal of Neuroscience 33(40):15978 –15988. Consultado em 12/5/2017

https://pni.princeton.edu/faculty/uri-hasson

RIA Luc (dir.) (2015):  Former les enseignants au XX° siècle. Etablissement formateur et vidéoformation. De Boeck Coll. Perspectives en éducation et formation.
http://chaire-unesco-formation.ens-lyon.fr/IMG/pdf/etat_de_lart_videoformation_23_janv_2014.pdf  ( recuperado em  2/3/2017)

Rizzolatti, G., Craighero, L. (2005).  Mirror neuron: a neurological approach to empathy. In Changeux et al.  Neurobiology of Human Values. Acedido em 15 de outubro  de 2016,  em http://www.robotcub.org/misc/papers/06_Rizzolatti_Craighero.pdf).


  Schmälzle R., Häcker FE, Honey CJ, Hasson, U. (2015). Engaged listeners: shared neural processing of powerful political speeches. Social Cognition Affect Neuroscience. Consultado em 12/5/2017

file:///C:/Users/Admin/Downloads/Schmalzle_et_al_SCAN_2015_0.pdf

Vincent, C. (2012). Interactions pédagogiques ”fortement multimodales” en ligne : le cas de tuteurs en formation. Acedido em 10 de fevereiro de 2018

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00765986/file/VINCENT_Caroline_2012_these.pdf

Tan, N., Ferre, G, Tellier, M. et al. 2010. « Multi-level annotations of non verbal behaviors in French spontaneous conversations ». [En ligne] : http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/48/88/32/PDF/Tan_et_al._LREC_2010. pdf [consulté le 10/7/2015]. Tufte, E. 2003. The Cognitive Style of PowerPoint: Pitching Out Corrupts Within. Cheshire, CT : Graphics Press.

Watzlawick, B. et al. 1967. Pragmatics of Human Communication. New York. W. W. Norton Company (Traduction française: WATZLAWICK, B et al. 1972. Une logique de la communication. Paris : Edition du Seuil). 

Winkin, Y. 1981. La nouvelle communication. Paris : Editions du Seuil. 41

Format narratif 

https://universidadedepasargada.blogspot.pt/2018/04/apedi-2018-conferencia-sobre_24.html

 https://www.pechakucha.org/

https://www.ted.com/

https://www.ted.com/talks/mehdi_ordikhani_seyedlar_what_happens_in_your_brain_when_you_pay_attention

 http://www.ccap.min-edu.pt/docs/Caderno_CCAP_2-Observacao.pdf

 

Et encore...

L'éducation en temps de COVID. (2020)  Nations Unies

https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/policy_brief_-_education_during_covid-19_and_beyond_french.pdf

https://www.lejdd.fr/Societe/Education/boris-cyrulnik-pas-dordinateur-ni-de-tablette-pour-les-moins-de-6-ans-3608390

https://www.france-education-international.fr/sources/courrieleuro/2020/courriel-europeen-des-langues-mai-2020.pdf

http://chaire-unesco-formation.ens-lyon.fr/+-Videoformation-+

 https://journals.openedition.org/cediscor/587

https://www.decitre.fr/revues/etudes-de-linguistique-appliquee-n-153-janvier-mars-2009-approches-plurielles-et-multimodales-9782252036976.html

  



 

domingo, 22 de novembro de 2020

Colloque International FLE- Israel « Communication, multimodalité,empathie et ...le masque »

C'est avec plaisir que j'ai accepté l'invitation de Monsieur Serge Borg, attaché de coopération à l'Ambassade de France à Israel, à participer au Colloque International FLE- Israel. Un grand merci Serge Borg et un grand merci aussi á l'Association de Professeurs de Français d'Israel.

Je vais présenter ma communication le 26 novembre, 13 au Portugal (15 heures à Israel)

« Communication, multimodalité, empathie et ... le masque » C'est le titre de ma conférence.

Petite parenthèse...

O resumo já está on line. Há um erro no programa que pedi para corrigirem. No programa, aparece Universidade de Aveiro, quando deveria aparecer Instituto Politécnico de Santarém. Espero que seja corrigido rapidamente. É verdade que fui membro do CIDTFF da Universidade de Aveiro, mas é passado. IPS também é passado, mas, oficialmente, serei sempre professora do IPS.


https://www.apfisrael-event.com/?fbclid=IwAR0Dm1BVu57LuDV6DQWr5MEtPYQTAYB0RiC_H_jHm2DvqvodXsvtJA-107Q

https://institutfrancais-israel.com/fr/event/israel-est-mondialement-fle/



J'ai l'habitude de rendre publique la phase de préparation, bibliographies, liens... voilà donc le brouillon d'aujourd'hui.


Communication, multimodalité,empathie et ...le masque 

Introduction

L'objectif de cette communication est de transposer des données de recherches que j'ai menées sur la communication en situation didactique pour analyser le moment actuel  que je désigne comme  «communication masquée».

 Pour préciser le lieu d’où je pars, je présenterai une courte biographie didactique en introduction.

Le premier volet portera sur ce que j’ai désigné comme «communication paradoxale» que je vais caractériser. Dans cette partie, je présenterai encore  une étude menée avec recours au Facebook  auprès de mes ex-étudiants, désormais enseignants.

Le deuxième volet portera sur une réflexion appuyée sur des études en didactique, en pragmatique de la communication et en  NBIC, acronyme de ( Nanotechnologies et neurosciences, biotechnologies, technologies de l'information et sciences cognitives) et sur  des études personnelles  sur la communication en classe et sur la multimodalité.

Enfin, j’essaierai de retirer quelques implications de ces recherches pour analyser la communication masquée qui caractérise l’école aujourd’hui, en me posant donc la question :  Et maintenant ?

 

Je vais commencer par l’adoption du format narratif,  vous trouverez la justification de ce choix à la fin de cet exposé.

 

1. Mon autobiographie...

Cette autobiographie est en quelque sorte la biographie de la Didactique des Langues-Cultures et de la relation de l’évolution méthodologique avec les différentes technologies. J’ai connu la méthode traditionnelle en tant qu’élève de français, la méthode directe, en tant qu’élève d’anglais . J’ai commencé ma carrière d’enseignante avec Voix et images de France, première méthode audio-visuelle accompagnée de technologie (j’utilisais les diapos et le magnétophone qui allaient avec cette méthode). Ensuite,  J’ai adopté avec enthousiasme les approches communicatives. La diversité de supports me convenait :  les documents authentiques papier, les journeaux,  les films, les enregistrements sur cassette, les cd…, après les sites internet, power point..

En même temps je me suis laissée séduire par une approche non conventionnelle, la suggestopédie, ce qui impliquait adopter une structure concentrée ou contracté du temps dans mes classes, l’adoption des mêmes supports des approches communicatives mais en moins de temps (18 activités dans un seul cours). L’emphase   portait sur la musique, pour entrainer des variations physiologiques qui seraient liées aux suggestions positives et au plaisir.

Ensuite avec la Cadre Européen de référence j’ai adopté  les approches actionnelles et même les approches plurilingues.

Et pour parler de technologies  c’est  le web 2.0 qui a rendu possible les approches actionnelles  grâce aux plateformes, aux forums et ensuite les réseaux sociaux   l’interaction entre élèves de différents pays. L’action sociale caractéristique des approches actionnelles et plurielles a commencé avec ce web 2.0 . Enseignants et apprenants sont sortis de la classe pour visiter des musées, pour connaitre d’autres lieux, d’autres cultures, pour partager leurs travaux dans des blogues, sur facebook, pour bavarder…

Et de cette présentation de l’évolution didactique ressort la convergence entre les technologies et les méthodes ou  les  approches didactiques.

Est-ce que cette convergence entre les approches méthodologiques et les technologies e se  vérifie encore aujourd’hui ? Voilà une question que je me suis posée et que je vais reprendre dans ma conclusion.

Cette autobiographie sert  encore pour vous dire  le lieu d’où je parle. Je ne peux pas être accusée d’être conservatrice et encore moins technophobe.

 

Et pour rentrer dans le vif du sujet, je pose la question suivante : 

2..  La communication dans la classe aujourd’hui sera-t-elle paradoxale ?

Commençons par situer et caractériser la communication non verbale paradoxale ou de double bind.

A la fin du dernier siècle se développait  aux Etats Unis ce qui a été désigné comme pragmatique de la communication para l’École de Palo Alto. C’était une sorte de réseau social, avant la lettre, d’un groupe de chercheurs  de différentes disciplines  qui étudiaient la communication, connu aussi sous le nom de Collège Invisible. Ils s’envoyaient leurs articles avant la publication.   Ces chercheurs   décrivaient  des situations de «double bind» ou de communication paradoxale.  Elles se composent de deux injonctions qui vont dans des sens contraire formulées par le même individu. Pour donner un exemple dans la situation pédagogique ,  un enseignant  dit  «très bien» et tout de suite il dit que « de toi je ne m’attendais pas à cette réponse . Un autre cas l’enseignant dit  «très bien»,  Dans d’ autres situations,  ces injonctions étaient formulées par deux intervenants c’est le cas étudié par Palo Alto des parents qui ont des discours différents sur le même sujet. C’est par ailleurs la situation où un enseignant dit «apportez des portables» et le professeur de la salle d’à côté  dit «pas de de téléphones dans mon cours». Ces situations paradoxales étudiées par les psychiatres de Palo Alto pouvaient expliquer le renforcement de traits de schizophrénie.

Transportant la notion de «double bind« pour analyser la communication actuelle, nous remarquons qu’elle explique souvent notre sentiment mondial : on nous dit «sortez pour aider le commerce» et «restez à la maison pour éviter le virus».

La classe doit créative pour attirer les enfants- disent les parents d’élèves, mais en ce moment les élèves ….  ne peuvent pas se faire face, ils ne peuvent pas faire de travaux de groupe, ne peuvent pas sortir de leur salle, de leur place, apporter des objets autres que les manuels et encore… enfin … soyez sages comme des images  derrière vos masques. Ne bougez pas… Ne vous rapprochez pas…

Ou encore…

L’empathie est très importante, mais ne touchez  pas et les visages sont masqués, les corps réduits à des troncs  derrière les tables…

Pas d’écrans avant 3 ans(la règle proposée par Serge Tisseron ou Boris Cyrulnik  et d’autres chercheurs  bien connue  «3 ans pas d’écrans, 6 pas de console de jeux, pas d’internet sans parents  avant 9, internet seule pas avant  12,  mais la pandémie a légitimé les écrans pour tous, même pour les bébés.

Et maintenant la provocation :

La pandémie est une opportunité pour changer l’école, mais le traditionnel est renforcé à l’école souvent  sous forme numérique. 

C’est autour de ces paradoxes que je vais développer mon raisonnement.

Et pour le faire, j’ai menée une recherche sous forme de groupe focal informel avec le recours au facebook. Je crois que ma démarche est peu orthodoxe sous le plan scientifique, mais sous l’aspect communicatif et formatif, je crois qu’elle  peut nous servir pour notre discussion. J’ai demandé à des ex-étudiants désormais enseignants (et qui sont mes amis sur facebook) de décrire la communication  pendant deux cours de cette année et de la comparer avec la période plus ou moins correspondante de l’année dernière.

Je ne vais pas développer les changements signalés, puisque je n’ai pas le temps, mais pour dire bref, les changements se situent surtout au niveau du temps, de  l’espace et des déplacements, au niveau de la kinésie ,  en articulation avec ces deux dimensions le type d’activité didactique,  la manipulation des supports, et la relation avec le numérique.  Il y a eu comme il serait prévisible un renforcement du recours au numérique. Ils remarquaient évidement des changements au  niveau de l’expression des émotions et de l’affectivité et comme ils étaient mes ex-étudiants, ils parlaient de la « perte de la multimodalité», malgré l’usage renforcé des technologies.   

Pour analyser cette caractérisation ponctuelle, je reconnais,  de la classe aujourd’hui au Portugal, il me faudra développer même de façon synthétique un cadre théorique. Je passe ainsi au deuxième volet que j’ai intitulé

3. Des études sur le non verbal aux études sur la multimodalité

Encore une petite histoire…

 

Dans les années 90 du siècle dernier je faisais une thèse sur le rôle du non verbal dans la situation pédagogique qui partait de la conception de communication  développée par l’École de Palo Alto.  Je partais de  l’« axiome »  suivant de la logique de  P. Watzlawick : « On ne peut ne pas communiquer » (Winkin, 1981), titre de la toile qui est derrière moi ,  ce qui signifiait m’intéresser  à ces « signaux de toutes sortes » notamment verbaux et  aux phénomènes kinésiques et proxémiques qui véhiculent souvent la relation et  les émotions dans la classe.

En ce qui concerne l’espace

Une petite synthèse

Edward Hall a dénommé  « proxémie » : « l'étude de la perception et de l'usage de l’espace  par l'homme » (Hall, in Winkin, 1981 : 191).

 Edouard  Hall distinguait par exemple les espaces sociofuges et les espaces sociopètes. Les premiers rendant difficile la communication tels que les salles d’attente des  cabinets médicaux et les sociopètes favorisant la communication, tels que les terrasses des cafés.

Petite parenthèse personnelle tous nos espaces aujourd’hui semblent sociofuges.

C’est lui également qui a caractérisé le type de distances en fonction avec les cultures ( distance intime, distance personnelle, distance sociale et distance publique).  Je  crois que c’est lui l’auteur de cette dénomination de la distance  sociale que tout le monde connait aujourd’hui ( 2,1). En classe comme dans la vie la distance la plus fréquente était la personnelle.  

D’autres chercheurs de Palo Alto comme,  A.Scheflen (Winkin,1981), se sont  intéressés à l’ analyse des postures, non seulement en termes fonctionnels, dans la structuration de la conversation mais aussi en tant qu’ indicateurs de compréhension de la relation affective.   Il souligne  les comportements de «congruence» donnée par des positions identiques ou en miroir ou «non-congruence» donnée évidemment par des positions différentes.

En ce qui concerne le regard,  je réfère, en particulier, les travaux de M.Argyle.  Selon ce chercheur le regard est une « partie intégrante de la communication verbale puisque (...) il est étroitement coordonné à la prise de parole et à l'attitude d'écoute, au processus de rétroaction (...) enfin il participe à l'organisation des tours de parole entre différents partenaires ». (Argyle, 1982 : 491).

 C’est par exemple le cas… je m’arrête et je vous regarde. Je constate que vous me suivez et je complète ma phrase. Par ailleurs les élèves assis dans les dernières places à droite ou à gauche ont plus de difficulté pour prendre la parole.

Pour ce chercheur, le regard joue des fonctions de régulation et de type affectif dans l'interaction. Le regard absent peut signifier des attitudes négatives vis-à-vis de l'interlocuteur, mais ce type de regard peut être également dû à la planification du discours. Et, par ailleurs, le regard interagit avec d'autres comportements, comme le sourire,  la distance ou l'existence d'objets susceptibles d'alimenter la conversation.  Il remarque aussi des comportements de convergeance interactive.

 Pour les gestes…

D’autres chercheurs de cette école ont dégagé le rôle des gestes élaborant différentes typologies.

Mais  pour des questions de  temps je présente la mienne qui reprend d’autres typologies mais dégagée en classe.

J’ai distingué

Les articulatoires – Les gestes particulièrements importants dans l’enseignement des langues étrangères et que le masque cache.

les illustratif ou les métaphoriques au service du lexique les discursifs au niveau de  la structuration du discours

- les « expressifs »

- les « synchronisateurs » qui assurent l'interaction comprenant les « phatiques » destinés à vérifier ou maintenir le contact, et les « régulateurs », comportements émis en position d'écoute». 

 et les affectifs … centrés sur la relation.

Les gestes « de confort », les « autocentrés », (manipulations d'une partie du corps, balancements) et les « ludiques » (manipulations d'objets, stylos, morceaux de craie, foulards...) et les actions .

J’ai relevé par ailleurs des comportements de double bind.  Souvent ces comportements menaient un  élève à la conclusion suivante  «mon professeur ne m’aime pas» et cela semblait se confirmer de la part de l’enseignant.

Pour des raisons méthodologiques, j’ ai dû procéder à une présentation en séparé des différents comportements, comme je l’ai souligné, pourtant dans la situation de communication ceux-ci se présentent en simultané, ce qui a conduit à des recherches aboutissant à à la distinction de configurations de comportements multicanaux.

 Dans la situation didactique j’ai  en effet pu observer des comportements  qui allaient dans le sens des observations de ces chercheurs et j’ai été amenée  à dégager des configurations plutôt que des comportements isolés. J’ai désigné ces configurations  comme des configurations sociofuges avec l’usage de fréquent de l’impératif et des questions «Allez, répondez…pourquoi vous ne répondez pas. Ces formules langagières étaient accompagnées de posture de divergence postural, absence de regard et tension dans les gestes, absence du sourire… d’autres configurations étaient composées  plutôt par  des actes préparatoires, l’emploi de l’hypothèse…  l’imparfait… avec des gestes plutôt circulaires, non tendus, des regards, des sourires à l’adresse des élèves. Par ailleurs,  j’ai croisé ces  observations avec les représentations d’élèves et enseignants et la prise de parole. N’ayant pas conscience de ces comportements, les enseignants  remarquaient qu’ils n’appréciaient pas certains élèves et  le réciproque se vérifiait aussi. La production verbale était également en liaison avec ces représentations.

C’est ainsi que…  

 Avec la distinction de ces configurations je m’éloignais d’une conception multicanale de la communication et je m’approchais d’une conception multimodale, parcours qui d’ailleurs se faisait dans d’autres disciplines.

 En effet, le terme multimodalité, qui a émergé en sciences de l’éducation et en sciences de la communication, a permis une analyse plus intégrée de la situation pédagogique.

Je définis la multimodalité comme vous pouvez le lire  comme  «un processus lié à la pensée (dimension cognitive) mise en corps et mise en geste (dimension physiologique et relationnelle ou empathique) et mise en mots (dimension pragmatico-linguistique), plutôt qu’un simple dispositif communicatif ou un support plurisémiotique,  impliquant des espaces et temporalités de nature diverse (dimension polychrone). Cette définition, qui s’appuie sur les travaux de Cosnier (2007, 2008), Krauss (1999) et Kress (2001) entre autres, s’éloigne ainsi des définitions (centrées sur la langue) qui n’envisagent la multimodalité que comme le fait de superposer des codes ou des canaux (multicanalité) (Ferrão Tavares, 2009, 2011, 2013).

 

Mes travaux essaient de montrer, d’une part, comment le langage verbal implique une mise-en- corps et comment les différents langages s’intègrent dans cette mise-en- corps.

La multimodalité n’est pas uniquement une accumulation de différents messages  issus de différents  sens ou canaux,  elle implique   un processus  simultanément neurologique, cognitif, émotif, relationnel, avec des effets  d’échoïsation  (Cosnier, 2007,  Ferrão Tavares, 2013, 2016 )  et empathiques, ce processus étant lui-même déterminé par le temps et l’espace. À ce propos, Cosnier référe que « [l]e corps est non seulement un support essentiel de l’activité mentale, comme le montre son rôle dans l’activité énonciative, mais aussi un instrument essentiel de l’activité relationnelle avec le monde et avec les autres » (Cosnier, 2007 : 20).

 

Ces études montrent la corporisation de la pensée et de la verbalisation de celui qui est en train de parler et de ceux qui sont à proximité. Ces découvertes vont dans le sens des études menées par Cosnier sur la multimodalité et les « effets d’échoïsation » dans la construction des interactions et dans la création de l’empathie.

 Pour Cosnier: « la perception de gestes finalisés chez autrui s’accompagne d’activités cérébrales analogues à celles qui apparaitraient si le sujet observateur accomplissait lui-même le geste.

 

Et j’arrive ainsi à la notion d’alignement neuronal  aux  ‘neurones miroirs’ » (Rizzolati, Craighero, Fadiga, 2002). Un mouvement de la main déclenche une activité cérébrale correspondante (Jeannerod, 2002) » (Cosnier, 2007 : 21).

Et je souligne les mots de Huc

 

La découverte récente des « neurones miroirs » par Giacomo Rizzolati et  Sinigaglia confirme que « l’observation d’un mouvement chez autrui stimule par mimétisme dans notre  propre cerveau les mêmes circuits neuronaux que si nous avions nous-mêmes effectué le geste» (Huc et al. 3).

 

 Et à ce neuropsychiatre d’ ajouter : « Les neurones miroirs interviennent aussi activement dans la compréhension réciproque des actions et des intentions, dans les fonctions d’imitation et d’apprentissage, dans les relations indissociables entre la bouche, la voix, la main, et dans le rôle des émotions et de l’attention » (ibidem).

 

En ce qui concerne la classe, une chercheuse canadienne qui intègre l’équipe de Huc, Vincent-Smith, réfère   que « les neurones miroirs déterminent donc le mimétisme, la relation, la réciprocité, l’interaction, la coopération qui, pour les enseignants-chercheurs et les apprenants ont une importance capitale.( Vincent-Smith : 2012). La chercheuse canadienne ajoute : « La plasticité cérébrale montre, en effet, que lorsque le cerveau est stimulé et que l’attention est soutenue, de nouveaux neurones sont mis en jeu, de nouveaux circuits neuronaux sont créés et l’information est intégrée et mémorisée » (ibidem).

Mais ces effets neurologiques se combinent avec  des aspects  biochimiques…

Un exemple pour revenir sur la musique

 

Aujourd’hui, des recherches menées sur le cerveau semblent  démontrer « que la prosodie sollicite les mêmes circuits neuronaux que la musique et joue un rôle fondamental dans l’exploitation de la syntaxe (Huc et al. 2012 :2).  La biochimique, d’autre part, montre les effets provoqués par la musique, les regards ou les gestes dans la production de l’ocytocine, molécule qui semble influencer les émotions et l’empathie (Pettersson-Yeo, Prata : 2013).

 

Petite parenthèse, je ne ne peux ne pas  penser à ma pratique en suggestopédie, même artisanale !     

 

Une autre dimension qui déclenchent des hormones d’ocytocine. La lumière.  

Pour que le public puisse anticiper, comprendre et mémoriser ce qui vient d’ être présenté il faut que l’organisme produise l’ocytocine. Et c’est l’ocytocine l’un des facteurs de l’empathie. De la lumière avant toute chose… pour les neurones et pour les substances biochimiques  et pour la convergence interactive et relationnelle. Pour des raisons communicationnelles mes étudiants connaissaient bien le slogan. « Power point ce n’est pas du cinéma, avec power point il faut de la lumière». Maintenant je connais une autre justification.

 

 Donc on voit  comment le processus multimodal est complexe.

 

D’autres études encore, provenant de domaines de la biochimie montrent que les émotions positives semblent déclencher une meilleure empathie qui se traduit par une augmentation d’ocytocine ou par une activité cérébrale de type différent. D’autres études sur les émotions dans l’  interaction montrent que les sujets  ne parlent pas dans des situations difficiles, catastrophes, deuils…  Ce qui implique l’importance du choix de sujets positifs en classe de langue  pour dégager la verbalisation.

 

J’en arrive à ma dernière partie qui  reprend les remarques faites par mes ex-étudiantes sur facebook  et la question du début sur la convergence didactique et technologique


4.      Implications des études interdisciplinaires sur la communication interpersonnelle multimodale  pour l’analyse de la classe aujourd’hui

 

J’ai  regroupé les dimensions dégagées  en 3 axes :

 

·         Le temps, l’espace, le corps… la multimodalité et l’empathie

·         La convergence/la divergence  numérique et didactique

·         L’invitation au voyage

 

 

Temps et espace…

 

Sur  le temps

 

Il était prévisible que le numérique entrainerait la contraction du temps. Or la durée de la classe est toujours la même. Et on propose que les enseignants se laissent enregistrer pour que les élèves regardent la totalité de la classe. Les classes zoom sont souvent interminables. Il n’y a pas de contraction du temps didactique quand on passe au supports numériques ou technologiques qui devraient impliquer cette contraction..

 

Sur la proxémique et le corps… la multimodalité et l’empathie

 L’espace  est devenu fixe, l’enseignant se déplace le moins possible dans l’espace fonctionnel et symbolique du tableau/ TBI/ écran. Les élèves à tour de rôle y vont dans la mesure du possible. Distance sociale est de loi. La disposition traditionnelle a été adoptée.  Et les enseignants peuvent avoir  simultanément des élèves dans l’espace de la classe et des élèves hors classe, chez- eux. Paradoxalement,  l’espace s’ouvre, ce qui ne signifie pas qu’il devienne mobile. Les élèves à la maison sont assis  collés aux écrans (on le souhaite).

Cette disposition reprend le modèle panoptique des églises (traditionnelles), des tribunaux. Elle renforce symboliquement le pouvoir de l’enseignant mais elle est parfaite pour faire des exposés ou pour présenter un power point que ce soit par l’enseignant ou par les élèves

 Ce n’est pas par hasard que quelques  TBI ont été placés sur des estrades.

Mais en revanche, pour que l’interaction verbal soit possible, le regard est essentiel, il intègre l’énoncé même. Le corps, les gestes, l’ expression du visage sans masque est essentiel. Attention  je ne suis pas contre les masques. D’abord la santé.

Le masque est encore un plus grand obstacle quand il s’agit d’apprendre à parler une langue maternelle et étrangère. C’est avec notre bouche que nous parlons, que nous articulons et nous savons bien comment les langues s’apprennent par mimétisme en regardant la bouche des gens qui parlent une langue étrangère. 

Comme j’ai essayé de montrer le corps est par ailleurs essentiel pour la relation et l’empathie. Si le corps est caché.. Pour compenser le masque, nous sommes obligés de faire plus de gestes ou de verbaliser par exemple l’affectivité, la relation.   C’est à travers le langage verbal que la relation doit être véhiculée. Et ceci est une suggestion ou un  conseil que je donne aux enseignants. Renforcez les marques  verbales d’affectivité, utilisez des formes de mitigation  des évaluations négativ, d’empathie. N’oubliez pas que votre corps est partiellement caché…

 

Dans mon introduction je posais une question : Est-ce qu’il y a  toujours convergence entre les approches didactiques et le numérique ?

Puisque maintenant avec la pandémie qu’on le veuille ou non le modèle expositif  médiatisé par les plateformes  (ou même en classe masquée ) est  le plus adopté comme ces colloques semblent le démontrer j’insisterai pour terminer sur quelques suggestions. Je crois que avec  la pandémie tous les enseignants ont eu besoin d’apprendre à utiliser les technologies, les plateformes, power point, les manuels et matériaux  numériques, mais je crois que la réflexion didactique n’a pas toujours  accompagné ces progrès.

Il est vrai que les enseignants se sont débrouillés un peu partout avec le numérique-  en renforçant souvent les inégalités je n’en parle pas-   mais l’offre numérique n’est pas toujours la plus adéquate et les fiches en format papier ou numérique et les manuels même ont redécouvert souvent  les images référentielles des méthodes directes de la fin du 19 siècle, et des  exercices de reliment  des (objets) dessins aux mots et des  méthodes audiovisuelles  avec des  exercices structuraux, des  exercices à trous, des mots clés souvent dans des formats de jeux interactifs qui ne sont pas plus communicatifs que leurs ancêtres en papier.

Un exemple … quelques remarques sur power point…

Voyons encore une autre difficulté dont l’enseignant doit se rendre compte quand  il fait  une présentation par exemple ici. Les phénomènes de convergence  interactive sont   modifiés par des contraintes technologiques. Le fait que mes mains manipulent le clavier, par exemple,  empêchent mes gestes illustratifs, conceptuels ou metaphoriques ce qui trouble ma pensée et de suite sa mise en mots. Parce que les gestes précèdent l’énoncé verbal et réfléchissent le processus cognitif, comme je l’avais souligné. Par ailleurs,   c’est ce type de gestes qui mènent ceux qui m’écoutent à anticiper le mot que je vais dire mentalement ou même en me devançant. Par ailleurs les affectifs, les synchronisateurs… Dès lors tout le processus multimodal est affecté. . Maintenant j’emploie des gestes, sans me rendre compte beaucoup plus illustratifs, pour expliquer.  Et j’essaie malgré les difficultés techniques de regarder sur l’écran vous attitudes d’écoute.  Par exemple, les têtes penchées des hochements de tête… Nos gestes malgré le dispositif technique si tout se passe bien doivent être en convergence posturale ce qui traduit  comme développé avant la convergence neuronale, les  neurones miroirs qui expliquent eux aussi l’empathie.

Si l’on se centre  sur dispositif communicatif, je dois vous dre que j’ai hésité sur la présentation de power point. Il allait vous empêcher de me regarder dans les yeux, de voir mes gestes ... C’est évidemment une question que l’enseignant doit se poser d’autant plus que ces présentations entrainent la fatigue.

La multimodalité est ainsi un processus complexe développé par tous les intervenants. Les gestes sont coupés par la manipulation d’objets  et ceci entraine des difficultés au niveau de la pensée et de sa mémorisation.   Le masque entre évidemment ici.».

Je dirais même que,  tout d’un coup,  l’école traditionnelle est revenue au galop, avec le renforcement souvent fait par les technologies, avec power point, tableaux  blancs interactifs  sur estrade et software qui propose des exercices de naguère. Paradoxalement, les technologies les plus récentes semblent avoir brisé la  convergence dont je parlais au début  en  risquant de provoquer des effets de recul au niveau didactique et de la communication en classe. 

L’importance de garder la convergence entre le numérique et le didactique , de respecter la cohérence didactique quand on se set du numérique, d’éviter nes anacronismes didactiques.. L’action sociale et les activités de l’approche actionnelle rendues possibles par les dispositifs numériques  se sont des voies qui ne sont pas masquées.

Et je pose même la question…

… quelle est l’une des fonctions des technologies pour ceux qui restent confinés dans leur maison ?   Les technologies  nous permettent de quitter nos salles, de voyager, de visiter des musées et de partager nos découvertes.

Elles peuvent également permettre à l’enseignant  et aux élèves de  quitter la classe pour visiter des musées, des expositions, pour rencontrer d’autres personnes, pour partager leur  travail, pour agir.   Avec ces dispositifs technologiques la classe de langue peut effectivement trouver d’autres espaces et d’autres temps pour éveiller la volonté de mieux apprendre.

L’  INVITATION AU VOYAGE

Pour clore ce parcours informel de quelques études en NBIC avec une perspective didactique, je voudrais  revenir sur le début de ma présentation sur le format narratif…  et vous montrer   avec  Uri Hasson  que l’on voit le format narratif dans le cerveau.

Vous pouvez suivre ma présentation dans mon blogue Universidadede pasargada. blogspot.pt  Vous trouverez le texte, la bibliographie, les liens qui vont vous permettre
de partager de prolonger le temps, de découvrir un autre espace d’apprentissage, de voyager avec moi.

Uri Hasson

 

 

 


Homenagem a Santana Castilho

Não me despedi do Professor e amigo, porque, há uns tempos, deixei de ler os seus artigos e a Covid impede-me de estar hoje com ele. Mas, vo...