C'est avec plaisir que j'ai accepté l'invitation de Monsieur Serge Borg, attaché de coopération à l'Ambassade de France à Israel, à participer au Colloque International FLE- Israel. Un grand merci Serge Borg et un grand merci aussi á l'Association de Professeurs de Français d'Israel.
Je vais présenter ma communication le 26 novembre, 13 au Portugal (15 heures à Israel)
« Communication, multimodalité, empathie et ... le masque » C'est le titre de ma conférence.
Petite parenthèse...
O resumo já está on line. Há um erro no programa que pedi para corrigirem. No programa, aparece Universidade de Aveiro, quando deveria aparecer Instituto Politécnico de Santarém. Espero que seja corrigido rapidamente. É verdade que fui membro do CIDTFF da Universidade de Aveiro, mas é passado. IPS também é passado, mas, oficialmente, serei sempre professora do IPS.
https://institutfrancais-israel.com/fr/event/israel-est-mondialement-fle/
J'ai l'habitude de rendre publique la phase de préparation, bibliographies, liens... voilà donc le brouillon d'aujourd'hui.
Communication, multimodalité,empathie et ...le masque
Introduction
L'objectif de cette communication est de transposer des données de recherches que j'ai menées sur la communication en situation didactique pour analyser le moment actuel que je désigne comme «communication masquée».
Pour préciser le lieu d’où je pars, je présenterai une courte biographie didactique en introduction.
Le premier volet portera
sur ce que j’ai désigné comme «communication paradoxale» que je vais
caractériser. Dans cette partie, je présenterai encore une étude menée avec recours au Facebook auprès de mes ex-étudiants, désormais
enseignants.
Le deuxième volet
portera sur une réflexion appuyée sur des études en didactique, en pragmatique
de la communication et en NBIC, acronyme
de ( Nanotechnologies et
neurosciences, biotechnologies, technologies de l'information et sciences
cognitives) et sur des études
personnelles sur la communication en
classe et sur la multimodalité.
Enfin, j’essaierai de
retirer quelques implications de ces recherches pour analyser la communication
masquée qui caractérise l’école aujourd’hui, en me posant donc la
question : Et maintenant ?
Je vais commencer par
l’adoption du format narratif, vous
trouverez la justification de ce choix à la fin de cet exposé.
1. Mon autobiographie...
Cette autobiographie est en quelque sorte la biographie de la Didactique des Langues-Cultures et de la relation de l’évolution méthodologique avec les différentes technologies. J’ai connu la méthode traditionnelle en tant qu’élève de français, la méthode directe, en tant qu’élève d’anglais . J’ai commencé ma carrière d’enseignante avec Voix et images de France, première méthode audio-visuelle accompagnée de technologie (j’utilisais les diapos et le magnétophone qui allaient avec cette méthode). Ensuite, J’ai adopté avec enthousiasme les approches communicatives. La diversité de supports me convenait : les documents authentiques papier, les journeaux, les films, les enregistrements sur cassette, les cd…, après les sites internet, power point..
En même temps je me suis
laissée séduire par une approche non conventionnelle, la suggestopédie, ce qui
impliquait adopter une structure concentrée ou contracté du temps dans mes
classes, l’adoption des mêmes supports des approches communicatives mais en
moins de temps (18 activités dans un seul cours). L’emphase portait sur la musique, pour entrainer des
variations physiologiques qui seraient liées aux suggestions positives et au
plaisir.
Ensuite avec la Cadre
Européen de référence j’ai adopté les
approches actionnelles et même les approches plurilingues.
Et pour parler de
technologies c’est le web 2.0 qui a rendu possible les approches
actionnelles grâce aux plateformes, aux
forums et ensuite les réseaux sociaux
l’interaction entre élèves de différents pays. L’action sociale
caractéristique des approches actionnelles et plurielles a commencé avec ce web
2.0 . Enseignants et apprenants sont sortis de la classe pour visiter des
musées, pour connaitre d’autres lieux, d’autres cultures, pour partager leurs
travaux dans des blogues, sur facebook, pour bavarder…
Et de cette présentation de l’évolution didactique
ressort la convergence entre les technologies et les méthodes ou les
approches didactiques.
Est-ce que cette convergence entre les approches
méthodologiques et les technologies e se
vérifie encore aujourd’hui ? Voilà une question que je me suis posée et que je vais
reprendre dans ma conclusion.
Cette autobiographie
sert encore pour vous dire le lieu d’où je parle. Je ne peux pas être
accusée d’être conservatrice et encore moins technophobe.
Et pour rentrer dans le
vif du sujet, je pose la question suivante :
2.. La communication dans la classe aujourd’hui sera-t-elle paradoxale ?
Commençons par situer et
caractériser la communication non verbale paradoxale ou de double bind.
A la fin du dernier siècle se développait aux Etats Unis ce qui a été désigné comme pragmatique
de la communication para l’École de Palo Alto. C’était une sorte de réseau
social, avant la lettre, d’un groupe de chercheurs de différentes disciplines qui étudiaient la communication, connu aussi
sous le nom de Collège Invisible. Ils s’envoyaient leurs articles avant la publication.
Ces chercheurs décrivaient des situations de «double bind» ou de
communication paradoxale. Elles se
composent de deux injonctions qui vont dans des sens contraire formulées par le
même individu. Pour donner un exemple dans la situation pédagogique , un enseignant
dit «très bien» et tout de suite
il dit que « de toi je ne m’attendais pas à cette réponse . Un autre cas
l’enseignant dit «très bien», Dans d’ autres situations, ces injonctions étaient formulées par deux
intervenants c’est le cas étudié par Palo Alto des parents qui ont des discours
différents sur le même sujet. C’est par ailleurs la situation où un enseignant
dit «apportez des portables» et le professeur de la salle d’à côté dit «pas de de téléphones dans mon cours».
Ces situations paradoxales étudiées par les psychiatres de Palo Alto pouvaient
expliquer le renforcement de traits de schizophrénie.
Transportant la notion
de «double bind« pour analyser la communication actuelle, nous remarquons
qu’elle explique souvent notre sentiment mondial : on nous dit «sortez
pour aider le commerce» et «restez à la maison pour éviter le virus».
La classe doit créative
pour attirer les enfants- disent les parents d’élèves, mais en ce moment les
élèves …. ne peuvent pas se faire face,
ils ne peuvent pas faire de travaux de groupe, ne peuvent pas sortir de leur
salle, de leur place, apporter des objets autres que les manuels et encore…
enfin … soyez sages comme des images
derrière vos masques. Ne bougez pas… Ne vous rapprochez pas…
Ou encore…
L’empathie est très
importante, mais ne touchez pas et les
visages sont masqués, les corps réduits à des troncs derrière les tables…
Pas d’écrans avant 3
ans(la règle proposée par Serge Tisseron ou Boris Cyrulnik et d’autres chercheurs bien connue «3 ans pas d’écrans, 6 pas de console de jeux,
pas d’internet sans parents avant 9,
internet seule pas avant 12, mais la pandémie a légitimé les écrans pour
tous, même pour les bébés.
Et maintenant la
provocation :
La pandémie est une
opportunité pour changer l’école, mais le traditionnel est renforcé à l’école
souvent sous forme numérique.
C’est autour de ces paradoxes que je vais développer mon
raisonnement.
Et pour le faire, j’ai
menée une recherche sous forme de groupe focal informel avec le recours au
facebook. Je crois que ma démarche est peu orthodoxe sous le plan scientifique,
mais sous l’aspect communicatif et formatif, je crois qu’elle peut nous servir pour notre discussion. J’ai
demandé à des ex-étudiants désormais enseignants (et qui sont mes amis sur
facebook) de décrire la communication
pendant deux cours de cette année et de la comparer avec la période plus
ou moins correspondante de l’année dernière.
Je ne vais pas
développer les changements signalés, puisque je n’ai pas le temps, mais pour
dire bref, les changements se situent surtout au niveau du temps, de l’espace et des déplacements, au niveau de la
kinésie , en articulation avec ces deux
dimensions le type d’activité didactique,
la manipulation des supports, et la relation avec le numérique. Il y a eu comme il serait prévisible un
renforcement du recours au numérique. Ils remarquaient évidement des
changements au niveau de l’expression
des émotions et de l’affectivité et comme ils étaient mes ex-étudiants, ils
parlaient de la « perte de la multimodalité», malgré l’usage renforcé des
technologies.
Pour analyser cette
caractérisation ponctuelle, je reconnais,
de la classe aujourd’hui au Portugal, il me faudra développer même de
façon synthétique un cadre théorique. Je
passe ainsi au deuxième volet que j’ai intitulé
3. . Des études sur le non verbal aux études sur la multimodalité
Encore une petite histoire…
Dans les années 90 du
siècle dernier je faisais une thèse sur le rôle du non verbal dans la situation
pédagogique qui partait de la conception de communication développée par l’École de Palo Alto. Je partais de
l’« axiome » suivant de la
logique de P. Watzlawick : « On ne
peut ne pas communiquer » (Winkin, 1981), titre de la toile qui est derrière
moi , ce qui signifiait
m’intéresser à ces « signaux de toutes
sortes » notamment verbaux et aux
phénomènes kinésiques et proxémiques qui véhiculent souvent la relation et les émotions dans la classe.
En ce qui concerne l’espace
Une petite synthèse
Edward Hall a dénommé « proxémie » :
« l'étude de la perception et de l'usage de l’espace par l'homme » (Hall, in Winkin, 1981 : 191).
Edouard Hall distinguait par exemple les espaces
sociofuges et les espaces sociopètes. Les premiers rendant difficile la
communication tels que les salles d’attente des
cabinets médicaux et les sociopètes favorisant la communication, tels
que les terrasses des cafés.
Petite parenthèse personnelle tous nos espaces aujourd’hui semblent
sociofuges.
C’est lui également qui a caractérisé le type de distances en fonction avec
les cultures ( distance intime, distance personnelle, distance sociale et
distance publique). Je crois que c’est lui l’auteur de cette
dénomination de la distance sociale que
tout le monde connait aujourd’hui ( 2,1). En classe comme dans la vie la
distance la plus fréquente était la personnelle.
D’autres chercheurs de
Palo Alto comme, A.Scheflen
(Winkin,1981), se sont intéressés à l’
analyse des postures, non seulement
en termes fonctionnels, dans la structuration de la conversation mais aussi en
tant qu’ indicateurs de compréhension de la relation affective. Il souligne
les comportements de «congruence» donnée par des positions identiques ou
en miroir ou «non-congruence» donnée évidemment par des positions différentes.
En ce qui concerne le regard, je réfère, en
particulier, les travaux de M.Argyle.
Selon ce chercheur le regard est une « partie intégrante de la
communication verbale puisque (...) il est étroitement coordonné à la prise de
parole et à l'attitude d'écoute, au processus de rétroaction (...) enfin il
participe à l'organisation des tours de parole entre différents partenaires ».
(Argyle, 1982 : 491).
C’est par exemple
le cas… je m’arrête et je vous regarde. Je constate que vous me suivez et je
complète ma phrase. Par ailleurs les élèves assis dans les dernières places à
droite ou à gauche ont plus de difficulté pour prendre la parole.
Pour ce chercheur, le regard joue des fonctions de
régulation et de type affectif dans l'interaction. Le regard absent peut
signifier des attitudes négatives vis-à-vis de l'interlocuteur, mais ce type de
regard peut être également dû à la planification du discours. Et, par ailleurs,
le regard interagit avec d'autres comportements, comme le sourire, la distance ou l'existence d'objets
susceptibles d'alimenter la conversation.
Il remarque aussi des comportements de convergeance interactive.
Pour les gestes…
D’autres chercheurs de cette école ont dégagé le rôle des
gestes élaborant différentes typologies.
Mais pour des
questions de temps je présente la mienne
qui reprend d’autres typologies mais dégagée en classe.
J’ai distingué
Les articulatoires – Les gestes particulièrements
importants dans l’enseignement des langues étrangères et que le masque cache.
les illustratif ou les métaphoriques au service du
lexique les discursifs au niveau de la
structuration du discours
- les « expressifs »
- les « synchronisateurs » qui assurent l'interaction comprenant les «
phatiques » destinés à vérifier ou maintenir le contact, et les « régulateurs
», comportements émis en position d'écoute».
et les affectifs … centrés sur la
relation.
Les gestes « de confort », les « autocentrés », (manipulations d'une partie
du corps, balancements) et les «
ludiques » (manipulations d'objets, stylos, morceaux de craie, foulards...) et
les actions .
J’ai relevé par ailleurs des comportements de double bind. Souvent ces
comportements menaient un élève à la
conclusion suivante «mon professeur ne
m’aime pas» et cela semblait se confirmer de la part de l’enseignant.
Pour des raisons méthodologiques, j’ ai dû procéder à une
présentation en séparé des différents comportements, comme je l’ai souligné,
pourtant dans la situation de communication ceux-ci se présentent en simultané,
ce qui a conduit à des recherches aboutissant à à la distinction de
configurations de comportements multicanaux.
Dans la situation
didactique j’ai en effet pu observer des
comportements qui allaient dans le sens
des observations de ces chercheurs et j’ai été amenée à dégager des configurations plutôt que des
comportements isolés. J’ai désigné ces configurations comme des configurations sociofuges avec
l’usage de fréquent de l’impératif et des questions «Allez, répondez…pourquoi
vous ne répondez pas. Ces formules langagières étaient accompagnées de posture
de divergence postural, absence de regard et tension dans les gestes, absence
du sourire… d’autres configurations étaient composées plutôt par
des actes préparatoires, l’emploi de l’hypothèse… l’imparfait… avec des gestes plutôt
circulaires, non tendus, des regards, des sourires à l’adresse des élèves. Par
ailleurs, j’ai croisé ces observations avec les représentations d’élèves
et enseignants et la prise de parole. N’ayant pas conscience de ces
comportements, les enseignants remarquaient
qu’ils n’appréciaient pas certains élèves et le réciproque se vérifiait aussi. La
production verbale était également en liaison avec ces représentations.
C’est
ainsi que…
Avec la
distinction de ces configurations je m’éloignais d’une conception multicanale
de la communication et je m’approchais d’une conception multimodale, parcours
qui d’ailleurs se faisait dans d’autres disciplines.
En effet, le terme multimodalité, qui a
émergé en sciences de l’éducation et en sciences de la communication, a permis
une analyse plus intégrée de la situation pédagogique.
Je définis la multimodalité comme vous pouvez le lire comme
«un processus lié à la pensée (dimension cognitive) mise en corps et mise en
geste (dimension physiologique et relationnelle ou empathique) et mise en mots (dimension
pragmatico-linguistique), plutôt qu’un simple dispositif communicatif ou un
support plurisémiotique, impliquant des
espaces et temporalités de nature diverse (dimension polychrone). Cette
définition, qui s’appuie sur les travaux de Cosnier (2007, 2008), Krauss (1999)
et Kress (2001) entre autres, s’éloigne ainsi des définitions (centrées sur la
langue) qui n’envisagent la multimodalité
que comme le fait de superposer des codes ou des canaux (multicanalité) (Ferrão Tavares, 2009, 2011, 2013).
Mes travaux essaient de montrer, d’une part, comment le langage verbal
implique une mise-en- corps et comment les différents langages s’intègrent dans
cette mise-en- corps.
La multimodalité n’est pas uniquement une accumulation de différents
messages issus de différents sens ou canaux, elle implique un processus
simultanément neurologique, cognitif, émotif, relationnel, avec des
effets d’échoïsation (Cosnier, 2007, Ferrão Tavares, 2013, 2016 ) et empathiques, ce processus étant lui-même
déterminé par le temps et l’espace. À ce propos, Cosnier référe que « [l]e corps est non seulement un
support essentiel de l’activité mentale, comme le montre son rôle dans
l’activité énonciative, mais aussi un instrument essentiel de l’activité
relationnelle avec le monde et avec les autres » (Cosnier, 2007 : 20).
Ces études montrent la
corporisation de la pensée et de la verbalisation de celui qui est en train de
parler et de ceux qui sont à proximité. Ces découvertes vont dans le sens des
études menées par Cosnier sur la multimodalité et les « effets d’échoïsation »
dans la construction des interactions et dans la création de l’empathie.
Pour Cosnier: « la perception de gestes finalisés chez autrui s’accompagne
d’activités cérébrales analogues à celles qui apparaitraient si le sujet
observateur accomplissait lui-même le geste.
Et j’arrive ainsi à la notion d’alignement neuronal aux ‘neurones miroirs’ » (Rizzolati, Craighero,
Fadiga, 2002). Un mouvement de la main déclenche une activité cérébrale
correspondante (Jeannerod, 2002) » (Cosnier, 2007 : 21).
Et je souligne les mots
de Huc
La découverte récente
des « neurones miroirs » par Giacomo Rizzolati et Sinigaglia confirme que « l’observation d’un
mouvement chez autrui stimule par mimétisme dans notre propre cerveau les mêmes circuits neuronaux
que si nous avions nous-mêmes effectué le geste» (Huc et al. 3).
Et à ce neuropsychiatre d’ ajouter : « Les
neurones miroirs interviennent aussi activement dans la compréhension
réciproque des actions et des intentions, dans les fonctions d’imitation et
d’apprentissage, dans les relations indissociables entre la bouche, la voix, la
main, et dans le rôle des émotions et de l’attention » (ibidem).
En ce qui concerne la
classe, une chercheuse canadienne qui intègre l’équipe de Huc, Vincent-Smith,
réfère que « les neurones miroirs
déterminent donc le mimétisme, la relation, la réciprocité, l’interaction, la
coopération qui, pour les enseignants-chercheurs et les apprenants ont une
importance capitale.( Vincent-Smith : 2012). La chercheuse canadienne
ajoute : « La plasticité cérébrale montre, en effet, que lorsque le cerveau est
stimulé et que l’attention est soutenue, de nouveaux neurones sont mis en jeu,
de nouveaux circuits neuronaux sont créés et l’information est intégrée et
mémorisée » (ibidem).
Mais ces effets neurologiques se combinent avec des aspects biochimiques…
Un exemple pour revenir sur la musique
Aujourd’hui, des recherches
menées sur le cerveau semblent démontrer
« que la prosodie sollicite les mêmes circuits neuronaux que la musique et joue
un rôle fondamental dans l’exploitation de la syntaxe (Huc et al.
2012 :2). La biochimique, d’autre
part, montre les effets provoqués par la musique, les regards ou les gestes
dans la production de l’ocytocine, molécule qui semble influencer les émotions
et l’empathie (Pettersson-Yeo, Prata : 2013).
Petite parenthèse, je ne
ne peux ne pas penser à ma pratique en
suggestopédie, même artisanale !
Une autre dimension qui
déclenchent des hormones d’ocytocine. La lumière.
Pour que le public
puisse anticiper, comprendre et mémoriser ce qui vient d’ être présenté il faut
que l’organisme produise l’ocytocine. Et c’est l’ocytocine l’un des facteurs de
l’empathie. De la lumière avant toute chose… pour les neurones et pour les
substances biochimiques et pour la
convergence interactive et relationnelle. Pour des raisons communicationnelles
mes étudiants connaissaient bien le slogan. « Power point ce n’est pas du
cinéma, avec power point il faut de la lumière». Maintenant je connais une
autre justification.
Donc on voit
comment le processus multimodal est complexe.
D’autres études encore, provenant de domaines de la biochimie montrent que
les émotions positives semblent déclencher une meilleure empathie qui se
traduit par une augmentation d’ocytocine ou par une activité cérébrale de type
différent. D’autres études sur les émotions dans l’ interaction montrent que les sujets ne parlent pas dans des situations
difficiles, catastrophes, deuils… Ce qui
implique l’importance du choix de sujets positifs en classe de langue pour dégager la verbalisation.
J’en arrive à ma dernière partie qui reprend les remarques faites par mes ex-étudiantes sur facebook et la question du début sur la convergence didactique
et technologique
4. Implications des études interdisciplinaires sur la communication interpersonnelle multimodale pour l’analyse de la classe aujourd’hui
J’ai regroupé les dimensions dégagées en 3 axes :
·
Le
temps, l’espace, le corps… la multimodalité et l’empathie
·
La
convergence/la divergence numérique et
didactique
·
L’invitation au voyage
Temps et espace…
Sur le temps…
Il était prévisible que
le numérique entrainerait la contraction du temps. Or la durée de la classe est
toujours la même. Et on propose que les enseignants se laissent enregistrer
pour que les élèves regardent la totalité de la classe. Les classes zoom sont
souvent interminables. Il n’y a pas de contraction du temps didactique quand on
passe au supports numériques ou technologiques qui devraient impliquer cette
contraction..
Sur la proxémique et le corps… la
multimodalité et l’empathie
L’espace est devenu fixe, l’enseignant se déplace le
moins possible dans l’espace fonctionnel et symbolique du tableau/ TBI/ écran.
Les élèves à tour de rôle y vont dans la mesure du possible. Distance sociale
est de loi. La disposition traditionnelle a été adoptée. Et les enseignants peuvent avoir simultanément des élèves dans l’espace de la
classe et des élèves hors classe, chez- eux. Paradoxalement, l’espace s’ouvre, ce qui ne signifie pas qu’il
devienne mobile. Les élèves à la maison sont assis collés aux écrans (on le souhaite).
Cette disposition reprend le modèle panoptique des
églises (traditionnelles), des tribunaux. Elle renforce symboliquement le
pouvoir de l’enseignant mais elle est parfaite pour faire des exposés ou pour
présenter un power point que ce soit par l’enseignant ou par les élèves
Ce n’est pas par
hasard que quelques TBI ont été placés
sur des estrades.
Mais en revanche, pour que l’interaction verbal soit
possible, le regard est essentiel, il intègre l’énoncé même. Le corps, les
gestes, l’ expression du visage sans masque est essentiel. Attention je ne suis pas contre les masques. D’abord la
santé.
Le masque est encore un
plus grand obstacle quand il s’agit d’apprendre à parler une langue maternelle
et étrangère. C’est avec notre bouche que nous parlons, que nous articulons et
nous savons bien comment les langues s’apprennent par mimétisme en regardant la
bouche des gens qui parlent une langue étrangère.
Comme j’ai essayé de
montrer le corps est par ailleurs essentiel pour la relation et l’empathie. Si
le corps est caché.. Pour compenser le masque, nous sommes obligés de faire
plus de gestes ou de verbaliser par exemple l’affectivité, la relation. C’est à
travers le langage verbal que la relation doit être véhiculée. Et ceci est une
suggestion ou un conseil que je donne
aux enseignants. Renforcez les marques verbales d’affectivité, utilisez des formes de
mitigation des évaluations négativ, d’empathie.
N’oubliez pas que votre corps est partiellement caché…
Dans mon introduction je posais une question : Est-ce qu’il y
a toujours convergence entre les
approches didactiques et le numérique ?
Puisque maintenant avec la pandémie qu’on le veuille ou
non le modèle expositif médiatisé par
les plateformes (ou même en classe
masquée ) est le plus adopté comme ces
colloques semblent le démontrer j’insisterai pour terminer sur quelques
suggestions. Je crois que avec la
pandémie tous les enseignants ont eu besoin d’apprendre à utiliser les technologies,
les plateformes, power point, les manuels et matériaux numériques, mais je crois que la réflexion
didactique n’a pas toujours accompagné
ces progrès.
Il est vrai que les enseignants se sont débrouillés un
peu partout avec le numérique- en
renforçant souvent les inégalités je n’en parle pas- mais l’offre numérique n’est pas toujours la
plus adéquate et les fiches en format papier ou numérique et les manuels même
ont redécouvert souvent les images
référentielles des méthodes directes de la fin du 19 siècle, et des exercices de reliment des (objets) dessins aux mots et des méthodes audiovisuelles avec des
exercices structuraux, des
exercices à trous, des mots clés souvent dans des formats de jeux
interactifs qui ne sont pas plus communicatifs que leurs ancêtres en papier.
Un exemple
… quelques remarques sur power point…
Voyons encore une autre
difficulté dont l’enseignant doit se rendre compte quand il fait une présentation par exemple ici. Les
phénomènes de convergence interactive
sont modifiés par des contraintes
technologiques. Le fait que mes mains manipulent le clavier, par exemple, empêchent mes gestes illustratifs,
conceptuels ou metaphoriques ce qui trouble ma pensée et de suite sa mise en
mots. Parce que les gestes précèdent l’énoncé verbal et réfléchissent le
processus cognitif, comme je l’avais souligné. Par ailleurs, c’est ce type de gestes qui mènent ceux qui
m’écoutent à anticiper le mot que je vais dire mentalement ou même en me
devançant. Par ailleurs les affectifs, les synchronisateurs… Dès lors tout le
processus multimodal est affecté. . Maintenant j’emploie des gestes, sans me
rendre compte beaucoup plus illustratifs, pour expliquer. Et j’essaie malgré les difficultés techniques
de regarder sur l’écran vous attitudes d’écoute. Par exemple, les têtes penchées des
hochements de tête… Nos gestes malgré le dispositif technique si tout se passe
bien doivent être en convergence posturale ce qui traduit comme développé avant la convergence
neuronale, les neurones miroirs qui
expliquent eux aussi l’empathie.
Si l’on se centre sur dispositif communicatif, je dois vous dre
que j’ai hésité sur la présentation de power point. Il allait vous empêcher de
me regarder dans les yeux, de voir mes gestes ... C’est évidemment une question
que l’enseignant doit se poser d’autant plus que ces présentations entrainent
la fatigue.
La multimodalité est
ainsi un processus complexe développé par tous les intervenants. Les gestes
sont coupés par la manipulation d’objets
et ceci entraine des difficultés au niveau de la pensée et de sa
mémorisation. Le masque entre
évidemment ici.».
Je dirais même que,
tout d’un coup, l’école
traditionnelle est revenue au galop, avec le renforcement souvent fait par les
technologies, avec power point, tableaux blancs interactifs sur estrade et software qui propose des
exercices de naguère. Paradoxalement, les technologies les plus récentes
semblent avoir brisé la convergence dont
je parlais au début en risquant de provoquer des effets de recul au
niveau didactique et de la communication en classe.
L’importance de garder la convergence entre le numérique
et le didactique , de respecter la cohérence didactique quand on se set du
numérique, d’éviter nes anacronismes didactiques.. L’action sociale et les
activités de l’approche actionnelle rendues possibles par les dispositifs
numériques se sont des voies qui ne sont
pas masquées.
Et je
pose même la question…
… quelle est l’une des fonctions des technologies pour
ceux qui restent confinés dans leur maison ? Les technologies nous permettent de quitter nos salles, de
voyager, de visiter des musées et de partager nos découvertes.
Elles peuvent également permettre à l’enseignant et aux élèves de quitter la classe pour visiter des musées, des
expositions, pour rencontrer d’autres personnes, pour partager leur travail, pour agir. Avec ces dispositifs technologiques
la classe de langue peut effectivement trouver d’autres espaces et d’autres
temps pour éveiller la volonté de mieux apprendre.
L’ INVITATION
AU VOYAGE
Pour clore ce parcours
informel de quelques études en NBIC avec une perspective didactique, je voudrais
revenir sur le début de ma présentation
sur le format narratif… et vous montrer avec Uri Hasson
que l’on voit le format narratif dans le cerveau.
Vous pouvez suivre ma
présentation dans mon blogue Universidadede pasargada. blogspot.pt Vous trouverez le texte, la bibliographie, les
liens qui vont vous permettre
de partager de prolonger le temps, de découvrir
un autre espace d’apprentissage, de voyager avec moi.
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