Implications des études interdisciplinaires sur la communication interpersonnelle multimodale pour l’analyse de la classe aujourd’hui
J’ai regroupé les dimensions dégagées en 3 axes :
· Le temps, l’espace, le corps… la multimodalité et l’empathie
· La convergence/la divergence numérique et didactique
· L’invitation au voyage
Temps et espace…
Sur le temps…
Il était prévisible que le numérique entrainerait la contraction du temps. Or la durée de la classe est toujours la même. Et on propose que les enseignants se laissent enregistrer pour que les élèves regardent la totalité de la classe. Les classes zoom sont souvent interminables. Il n’y a pas de contraction du temps didactique quand on passe au supports numériques ou technologiques qui devraient impliquer cette contraction..
Sur la proxémique et le corps… la multimodalité et l’empathie
L’espace est devenu fixe, l’enseignant se déplace le moins possible dans l’espace fonctionnel et symbolique du tableau/ TBI/ écran. Les élèves à tour de rôle y vont dans la mesure du possible. Distance sociale est de loi. La disposition traditionnelle a été adoptée. Et les enseignants peuvent avoir simultanément des élèves dans l’espace de la classe et des élèves hors classe, chez- eux. Paradoxalement, l’espace s’ouvre, ce qui ne signifie pas qu’il devienne mobile. Les élèves à la maison sont assis collés aux écrans (on le souhaite).
Cette disposition reprend le modèle panoptique des églises (traditionnelles), des tribunaux. Elle renforce symboliquement le pouvoir de l’enseignant mais elle est parfaite pour faire des exposés ou pour présenter un power point que ce soit par l’enseignant ou par les élèves
Ce n’est pas par hasard que quelques TBI ont été placés sur des estrades.
Mais en revanche, pour que l’interaction verbal soit possible, le regard est essentiel, il intègre l’énoncé même. Le corps, les gestes, l’ expression du visage sans masque est essentiel. Attention je ne suis pas contre les masques. D’abord la santé.
Le masque est encore un plus grand obstacle quand il s’agit d’apprendre à parler une langue maternelle et étrangère. C’est avec notre bouche que nous parlons, que nous articulons et nous savons bien comment les langues s’apprennent par mimétisme en regardant la bouche des gens qui parlent une langue étrangère.
Comme j’ai essayé de montrer le corps est par ailleurs essentiel pour la relation et l’empathie. Si le corps est caché.. Pour compenser le masque, nous sommes obligés de faire plus de gestes ou de verbaliser par exemple l’affectivité, la relation. C’est à travers le langage verbal que la relation doit être véhiculée. Et ceci est une suggestion ou un conseil que je donne aux enseignants. Renforcez les marques verbales d’affectivité, utilisez des formes de mitigation des évaluations négativ, d’empathie. N’oubliez pas que votre corps est partiellement caché…
Dans mon introduction je posais une question : Est-ce qu’il y a toujours convergence entre les approches didactiques et le numérique ?
Puisque maintenant avec la pandémie qu’on le veuille ou non le modèle expositif médiatisé par les plateformes (ou même en classe masquée ) est le plus adopté comme ces colloques semblent le démontrer j’insisterai pour terminer sur quelques suggestions. Je crois que avec la pandémie tous les enseignants ont eu besoin d’apprendre à utiliser les technologies, les plateformes, power point, les manuels et matériaux numériques, mais je crois que la réflexion didactique n’a pas toujours accompagné ces progrès.
Il est vrai que les enseignants se sont débrouillés un peu partout avec le numérique- en renforçant souvent les inégalités je n’en parle pas- mais l’offre numérique n’est pas toujours la plus adéquate et les fiches en format papier ou numérique et les manuels même ont redécouvert souvent les images référentielles des méthodes directes de la fin du 19 siècle, et des exercices de reliment des (objets) dessins aux mots et des méthodes audiovisuelles avec des exercices structuraux, des exercices à trous, des mots clés souvent dans des formats de jeux interactifs qui ne sont pas plus communicatifs que leurs ancêtres en papier.
Un exemple … quelques remarques sur power point…
Voyons encore une autre difficulté dont l’enseignant doit se rendre compte quand il fait une présentation par exemple ici. Les phénomènes de convergence interactive sont modifiés par des contraintes technologiques. Le fait que mes mains manipulent le clavier, par exemple, empêchent mes gestes illustratifs, conceptuels ou metaphoriques ce qui trouble ma pensée et de suite sa mise en mots. Parce que les gestes précèdent l’énoncé verbal et réfléchissent le processus cognitif, comme je l’avais souligné. Par ailleurs, c’est ce type de gestes qui mènent ceux qui m’écoutent à anticiper le mot que je vais dire mentalement ou même en me devançant. Par ailleurs les affectifs, les synchronisateurs… Dès lors tout le processus multimodal est affecté. . Maintenant j’emploie des gestes, sans me rendre compte beaucoup plus illustratifs, pour expliquer. Et j’essaie malgré les difficultés techniques de regarder sur l’écran vous attitudes d’écoute. Par exemple, les têtes penchées des hochements de tête… Nos gestes malgré le dispositif technique si tout se passe bien doivent être en convergence posturale ce qui traduit comme développé avant la convergence neuronale, les neurones miroirs qui expliquent eux aussi l’empathie.
Si l’on se centre sur dispositif communicatif, je dois vous dre que j’ai hésité sur la présentation de power point. Il allait vous empêcher de me regarder dans les yeux, de voir mes gestes ... C’est évidemment une question que l’enseignant doit se poser d’autant plus que ces présentations entrainent la fatigue.
La multimodalité est ainsi un processus complexe développé par tous les intervenants. Les gestes sont coupés par la manipulation d’objets et ceci entraine des difficultés au niveau de la pensée et de sa mémorisation. Le masque entre évidemment ici.».
Je dirais même que, tout d’un coup, l’école traditionnelle est revenue au galop, avec le renforcement souvent fait par les technologies, avec power point, tableaux blancs interactifs sur estrade et software qui propose des exercices de naguère. Paradoxalement, les technologies les plus récentes semblent avoir brisé la convergence dont je parlais au début en risquant de provoquer des effets de recul au niveau didactique et de la communication en classe.
L’importance de garder la convergence entre le numérique et le didactique , de respecter la cohérence didactique quand on se set du numérique, d’éviter nes anacronismes didactiques.. L’action sociale et les activités de l’approche actionnelle rendues possibles par les dispositifs numériques se sont des voies qui ne sont pas masquées.
Et je pose même la question…
… quelle est l’une des fonctions des technologies pour ceux qui restent confinés dans leur maison ? Les technologies nous permettent de quitter nos salles, de voyager, de visiter des musées et de partager nos découvertes.
Elles peuvent également permettre à l’enseignant et aux élèves de quitter la classe pour visiter des musées, des expositions, pour rencontrer d’autres personnes, pour partager leur travail, pour agir. Avec ces dispositifs technologiques la classe de langue peut effectivement trouver d’autres espaces et d’autres temps pour éveiller la volonté de mieux apprendre.
L’ INVITATION AU VOYAGE
Pour clore ce parcours informel de quelques études en NBIC avec une perspective didactique, je voudrais revenir sur le début de ma présentation sur le format narratif… et vous montrer avec Uri Hasson que l’on voit le format narratif dans le cerveau.
Vous pouvez suivre ma présentation dans mon blogue Universidadede pasargada. blogspot.pt Vous trouverez le texte, la bibliographie, les liens qui vont vous permettre
de partager de prolonger le temps, de découvrir un autre espace d’apprentissage, de voyager avec moi.